Accueil Economie Echanges commerciaux entre l’Afrique et la Chine: En hausse, mais toujours déséquilibrés

Echanges commerciaux entre l’Afrique et la Chine: En hausse, mais toujours déséquilibrés

Entre le 1er janvier et le 31 juillet 2023, les exportations de la Chine vers les pays africains ont augmenté de 20 %, en comparaison avec la même période de 2022, pour s’établir à environ 97,8 milliards de dollars.  Malgré la suppression les droits de douane sur 98% des produits importés de 18 pays africains en 2022, la balance commerciale demeure excédentaire en faveur de la Chine, dont les exportations vers le continent sont dominées par les produits finis.

« Entre la Chine et l’Afrique, la relation est profondément asymétrique », avait déclaré, en novembre 2021, Thierry Pairault, sinologue et socio-économiste, directeur de recherche émérite (Cnrs/Ehess) et spécialiste de la présence chinoise en Afrique.

Pour lui, au plan économique, l’Afrique n’est nullement une priorité pour la Chine. La place de l’Afrique dans le commerce extérieur chinois de marchandises est exactement la même que sa place dans le commerce mondial (3 %). Ces propos sont toujours d’actualité, puisque selon les données officielles publiées récemment par la Chine, les échanges commerciaux entre l’Afrique et l’empire du Milieu ont atteint 158,36 milliards de dollars, en hausse de 7,4%, et ce, durant les sept premiers mois de l’année. Toutefois, la balance commerciale est largement en faveur de la Chine

Malgré les exonérations de droits de douane sur les exportations de produits au profit de 18 pays africains, la situation ne s’est pas améliorée. Selon les données officielles de l’administration des douanes chinoises et rapportées par l’agence officielle « Xinhua », les exportations de la Chine vers le continent africain ont augmenté de 20% pour atteindre 98,55 milliards de dollars, alors que ses importations en provenance de l’Afrique se sont établies à seulement 59,25 milliards de dollars. La Chine réalise donc un excédent commercial de 39,5 milliards de dollars à la fin du mois de juillet dernier.

Tant que la nature des échanges commerciaux ne change pas…

Malgré les critiques sur le déséquilibre des échanges entre les deux parties et les intentions chinoises d’y remédier, les choses ne s’améliorent pas pour notre continent, car la situation demeurera en l’état tant que la nature des échanges commerciaux ne change pas.

Il est à mentionner que la Chine exporte vers l’Afrique des produits finis, tels que  le textile, les machines, les navires, les équipements électroniques, les véhicules de tout genre. Les exportations de navires, d’automobiles, de produits mécaniques et électriques ont augmenté, respectivement, de 81,30%, 26,10% et 32,50%. Ces trois catégories de produits ont représenté 50,1% du volume du commerce bilatéral. Il s’agit de produits à grande valeur ajoutée.

Face à cela, l’Afrique se limite elle à exporter vers la chine, essentiellement, des matières premières, notamment du pétrole et des minerais (cobalt, cuivre, fer…), du sable minéralisé, des produits agricoles… qui alimentent l’industrie chinoise.

Un effort pas tellement rentable

Si la Chine est considérée comme leader mondial dans le  domaine de la fabrication des batteries électriques, c’est grâce aux minerais stratégiques du continent africain. Or, ces matières premières restent sans valeur ajoutée. Elles ne rapportent pas beaucoup aux pays exportateurs. Pis encore, une grande partie de la matière première supposée être exportée vers la Chine est exploitée par des entreprises chinoises implantées en Afrique. Il s’agit là d’une preuve supplémentaire qui démontre ce déséquilibre entre les échanges.

Pour tenter de corriger ce déséquilibre commercial persistant, Pékin a supprimé, en 2022, les droits de douane sur 98 % des produits importés, et ce, au profit de 18 pays africains parmi les moins avancés, comme la Guinée, le Mozambique, le Rwanda et le Togo. Ce démantèlement tarifaire fait suite à l’annonce par le président chinois Xi Jinping, lors de la 8e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac 8) tenue à Dakar en novembre 2021, de l’intention de Pékin d’augmenter ses importations de produits agricoles africains. Le dirigeant chinois avait alors indiqué que l’objectif était de porter le total des importations chinoises en provenance du continent africain à 100 milliards de dollars par an à partir de 2022, puis à 300 milliards de dollars par an à l’horizon 2035.

Selon les constatations, cette mesure n’a pas eu beaucoup d’impacts, car ces pays n’exportant que des produits agricoles et des matières premières, dont l’industrie chinoise a besoin, contribuant, au contraire, à améliorer la compétitivité des entreprises chinoises qui bénéficient des matières premières à moindre coût.

Il est à rappeler que l’Afrique du Sud demeure le premier partenaire commercial de la Chine, devant le Nigeria et l’Angola. Avec l’Afrique du Sud, les échanges commerciaux ont atteint 31,40 milliards de dollars au titre des sept premiers mois de l’année, représentant 20% du commerce entre la Chine et l’Afrique.

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